FSSPX : Convertir les musulmans ?
NON ! car ce serait du prosélytisme. C’est le plus grand péché pour la position moderniste actuelle, affirmant que « les religions ne sont au fond ni vraies ni fausses, elles sont une interprétation de l’existence humaine, dans le cadre d’un genre de vie ; elles sont une entreprise pour vivre sa vie d’homme selon certaines options [1] ». « Il y a un risque qui refait surface – on pensait que c’était derrière nous mais il refait surface – : confondre évangélisation et prosélytisme. Non… Il ne s’agit pas de recruter de nouveaux membres pour un ‘club catholique’, non il s’agit de faire voir Jésus : c’est Lui qui se montre à travers ma personne, à travers mon comportement [2] ».
NON ! car ça arrange certains qu’il y ait des divisions entre chrétiens et musulmans, notamment à l’intérieur des peuples chrétiens pour achever leur destruction. D’une part, l’islamogauchisme [3], soutenu par les anarchistes, ouvertement islamophiles et appuyant tout ce qui déstabilise « l’Ordre moral ou social ». D’autre part, par certains sionistes : « Cette guerre entre Edom (l’Occident) et Ichmaël (l’Islam) est nécessaire pour que l’un se tourne contre l’autre. Ce qui se passe en France, en Europe, le terrorisme, doit être la plus belle nouvelle de notre histoire juive. Enfin, les prophéties commencent à se réaliser [4])… Quand le QG de la chrétienté, Rome, disparaîtra – ce que veut faire l’Islam – vous paierez au centuple tout le mal que vous avez fait à Israël. Au lieu qu’on fasse nous-mêmes le travail, on envoie Ichmaël pour régler le problème. L’Islam est le balai d’Israël, sachez-le [5]). »
NON ! car ils sont réputés inconvertissables. C’est l’argument du passé. Celui-ci ne conclut à rien et ne préjuge pas de l’avenir, ni n’infirme les essais tentés dans le passé, comme saint François à Damiette devant le sultan Malek Kamel, les franciscains martyrs au Maroc, les abbayes qui traduisent le coran et se penchent sur l’étude de l’islam, Pie II écrivant au sultan Mahomet II pour l’engager à se convertir. Dès le IXe siècle, le martyrologe d’Espagne inscrit les noms de plusieurs musulmans de souche convertis, ce qui suppose bien un apostolat : sainte Lucrèce de Cordoue, sainte Casilde de Burgos, saint Bernard, sainte Grâce, sainte Matie du diocèse de Valence… l’apostolat a bel et bien existé et n’a pas toujours été infructueux. D’autre part, nous avons affaire à un fait nouveau : d’immenses populations musulmanes plus ou moins croyantes sont désormais en Europe, peu ou prou détachées du carcan de la société islamique qui les empêche de se convertir au christianisme.
OUI ! il faut faire un véritable apostolat, qui inclut le témoignage, l’exemple, la prédication, le redressement des erreurs.
En effet, le Seigneur Jésus dit :
« Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi Je vous envoie… prêchez l’Évangile à toute la création… apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé… vous êtes la lumière du monde… vous êtes le sel de la terre… si vous vous aimez mutuellement, on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. »
Jésus, sur le chemin de Damas s’adresse au futur saint Paul lui disant :
« Maintenant, je t’envoie pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils se convertissent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu ; et que par la foi qu’ils auront en moi, ils reçoivent la rémission de leurs péchés, et qu’ils aient part à l’héritage des saints.
(Ac 26.18)
Et lui-même enseignera la nécessité de ne pas en rester à un pur témoignage de ma propre rencontre intérieure avec le Christ Sauveur, mais à une véritable prédication de vérités révélées à défendre contre les systèmes d’erreurs :
« Prêche à temps et à contre-temps, reprends, réfute, menace, avec beaucoup de patience et le souci d’instruire ».
Selon quels principes mener cet apostolat ?
Mgr Lefebvre, archevêque de Dakar, délégué apostolique pour toute l’Afrique francophone, voyait les deux défauts possibles :
« On évitera d’une part, l’étroitesse d’esprit, un traditionalisme désuet et sclérosé qui ferme les yeux aux réalités qui envahissent la jeunesse, s’enferme dans son église et se satisfait de quelques bonnes paroissiennes et de quelques enfants qui l’entourent ; et d’autre part, un esprit d’innovation qui sent l’hérésie de l’activisme. »
Lettres pastorales et écrits, p. 53
Aussi, il rappelle le premier principe quant à l’apostolat auprès des musulmans :
« Le principe premier de l’apostolat est que la croissance du corps mystique est une œuvre essentiellement divine. La conviction et la clairvoyance de cette vérité capitale nous évitera un défaut, hélas trop fréquent aujourd’hui, de comparer l’œuvre des ennemis de l’Église à celle de l’Église ou de l’Esprit-Saint. Ces œuvres ne se situent pas sur le même plan et n’utilisent pas les mêmes procédés, ni les mêmes moyens. L’oubli de ce principe de l’Esprit-Saint âme et source de notre apostolat, nous pousserait à copier les adversaires de l’Église, à chercher des expédients, des moyens purement temporels. Ceci n’empêche pas que, une fois que l’apôtre est sous la dépendance de l’Esprit-Saint et de l’Église, tous les moyens doivent être mis en œuvre pour permettre à la grâce du Sauveur d’attirer les âmes. L’Église, là encore, nous guide et nous oriente, laissant cependant une certaine liberté à notre zèle inventif et ingénieux. »
Lettre de l’archevêque de Dakar à ses con-frères, 17/04/1960
N’attendez pas des méthodes nouvelles qu’on aurait à chercher chez les sectes évangéliques ou autres. Il faut garder la méthode globale traditionnelle de l’Église qui est universelle : la prédication intégrale de la Foi catholique, accompagnée d’une immense charité, dévouement et sens de l’accueil.
ABBÉ GUILLAUME GAUD, Directeur du Séminaire Saint-Curé-d’Ars à Flavigny-sur-Ozerain
Source : Le Saint-Vincent n°26
NOTES DE BAS DE PAGE
Père Maurier P.B., Commentaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate (Unam Sanctam n°61[↩]
Pape François, discours du 20 mai 2019 à l’IPME[↩]
Cf. Valeurs actuelles, 18/11/19, interview d’Yves Azeroual.[↩]
Rabbin Touitou, vidéo « 11 rabbins, la guerre entre l’Occident et l’islam… » 1 min 15 (prédications rabbiniques[↩]
Rav Touitou idem, 2 min 18. On voit ici une manipulation facile et classique de l’Histoire : le nazisme occidental a persécuté les juifs ; or l’interprétation kabbalistique dit que Edom, Esaü, l’empire romain, l’Église et l’Occident in genere sont tout un. Donc c’est la chrétienté qui a persécuté le peuple d’Israël. C’est feindre d’ignorer l’ensemble de la doctrine catholique sur ce sujet, ainsi que l’amour courageux que les catholiques ont témoigné aux juifs. Nous savons que ce qui dérange vraiment est notre volonté de les amener à l’amour de Notre-Seigneur Jésus. (cf. Rav Ron Chaya, vidéo « lâchez-nous un peu », sur MyLeava.org[↩]