FSSP : Entretien avec L’abbé Andrzej Komorowski (supérieur FSSP)
L’abbé Andrzej Komorowski, originaire de Pologne, a été élu en juillet 2018 supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP). Il nous parle ici de sa Fraternité et de son avenir.
La Nef – Vous êtes Polonais, pays où le mouvement traditionaliste ne s’est pas autant développé qu’en France ou aux États-Unis : comment avez-vous connu et été attiré par la Fraternité Saint-Pierre ?
Abbé Andrzej Komorowski – Mon tout premier contact avec la messe traditionnelle a eu lieu en 1996. J’étais alors étudiant à Poznan et certains de mes amis fréquentaient la messe traditionnelle. Un peu par curiosité j’y suis allé une première fois, puis j’ai commencé à y assister régulièrement, à servir la messe et à m’intéresser à la question de la réforme liturgique et au mouvement traditionaliste. C’est ensuite par un diacre polonais du séminaire à Wigratzbad que j’ai connu la Fraternité Saint-Pierre.
Quelle est la situation liturgique en Pologne ? Et quelle est la position des évêques polonais à l’égard de la FSSP et de la forme extraordinaire du rite romain ?
La situation a bien évolué depuis le Motu proprio Summorum Pontificum de 2007. Auparavant, il y avait quelques endroits où la messe traditionnelle était célébrée, pas toujours régulièrement. Aujourd’hui nous avons environ 45 lieux où la messe est célébrée tous les dimanches. Nous avons 41 diocèses en Pologne ce qui fait qu’en moyenne il y a un peu plus d’une messe traditionnelle par diocèse. C’est un énorme progrès, mais il y a encore beaucoup de fidèles qui n’ont pas la possibilité d’y assister. Je dirais que les évêques polonais sont plutôt indifférents à cette question car ils n’accordent pas à la liturgie une place centrale. Ils voient surtout que le nombre de catholiques attachés à cette messe est bien faible en comparaison de celui des fidèles pratiquant dans la forme ordinaire. En Pologne, il y a beaucoup de prêtres et beaucoup de messes, mais la qualité des célébrations n’est pas « extraordinaire » !
Êtes-vous, comme vos compatriotes, un grand admirateur du saint pape Jean-Paul II ? Quel vous semble être son apport le plus essentiel ?
Tout d’abord je dois dire que mes compatriotes sont attachés à la personne de Jean-Paul II plutôt extérieurement. Il y a beaucoup de places, de rues ou d’écoles qui portent son nom, mais sa pensée n’est pas vraiment connue. Nous sommes fiers de lui, mais malheureusement cela ne va pas beaucoup plus loin, même dans la vie de l’Église. Cependant, je pense qu’il a inspiré beaucoup de vocations sacerdotales. Après la chute du communisme, il nous a rappelé que nous devions rester fidèles à tous les aspects de notre foi catholique dans la vie individuelle et sociale. Enfin, je crois que sa défense de la morale chrétienne, surtout concernant le respect de la vie et le caractère sacré du mariage, est le plus essentiel.
Vous avez été élu supérieur général de la FSSP il y a près de deux ans : quel bilan tirez-vous de ces deux années d’expérience à sa tête ?
Ces deux premières années furent pour moi une occasion de mieux connaître nos apostolats et nos confrères. Avec plus de 300 prêtres dans le monde, il y en a certains que je n’avais jamais rencontrés personnellement. Et le supérieur est avant tout au service de ses confrères. Notre communauté grandit et nous devons en être reconnaissant à la Providence. Mais, plus de membres et plus d’apostolats, cela signifie aussi plus de situations difficiles et délicates. Les trois derniers mois marqués par le Covid-19 nous ont placés également dans des situations inouïes. Nous étions, comme beaucoup de prêtres diocésains, devant un choix difficile : ne pas abandonner les brebis et obéir aux ordres de l’autorité. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous apportera, mais je crois que si nous sommes fidèles à notre vocation et à nos Constitutions, nous pourrons gérer toutes sortes de crises.
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